Conclusion et bibliographie

L’examen de l’œuvre de l’abbé Lecoutre présenté ici, même s’il considère ses principales réalisations, n’est que partiel. Une étude exhaustive révélerait certainement d’autres aspects de son œuvre.
Un examen détaillé des différentes techniques artistiques qu’il a utilisées serait par aussi une contribution précieuse. Mais cela ne devrait cependant pas remettre en question les conclusions suivantes.

L’abbé Lecoutre avait à l’évidence une connaissance approfondie des textes religieux — aussi bien des textes anciens, officiels et apocryphes, que des textes modernes, en particulier ceux publiés de son vivant — qui ont été à la base de ses réalisations. Il connaissait aussi à l’évidence un très grand nombre d’œuvres artistiques religieuses, trouvant son inspiration dans des sources très diverses, incluant l’art gothique, l’art roman, la renaissance italienne, mais aussi des gravures plus récentes, et encore les images pieuses qui se sont répandues à son époque.

Compte tenu de son objectif — transformer son église en « un catéchisme monumental », qui imposait des limites strictes, il a pu faire preuve d’un éclectisme étonnant avec des créations originales qui expriment son message. Mais son église n’en présente pas moins une saisissante harmonie architecturale, un surprenant équilibre de formes et de couleurs.

Tant dans les innombrables textes qu’il a inscrit dans son église que dans ses réalisations artistiques qui avec ces textes constituent « son catéchisme illustré, » l’abbé Lecoutre apparaît souvent comme un précurseur, prenant en compte et même anticipant l’évolution de l’Église catholique. A son époque l’usage du français pour les citations de la Bible et pour les prières est réellement novateur et peut même passer pour provocateur.

Que ce soit, par exemple l’ordonnancement des vertus dans le maître-autel, ou à l’opposé l’absence d’ordre des scènes des vitraux, ses choix apparaissent toujours délibérés et mûrement réfléchis. Qu’il ait choisi pour une de ses premières réalisations S’il ne fallait prendre qu’un exemple, son choix de l’Annonciation de Fra Angelico est particulièrement révélateur. En plaçant à l’entrée de son église ce tableau, considérée comme l’une des plus grandes réalisations de l’école florentine, avec une maîtrise de la perspective impressionnante, l’abbé Lecoutre peut nous faire croire qu’il a anticipé que Fra Angelico deviendrait un siècle plus tard le patron universel des artistes. C’est par le motu proprio du 3 octobre 1982 que le pape Jean-Paul II béatifia ce moine dominicain, Giovanni de Fiesole, connu sous le nom de « Fra Angelico, » le frère angélique, l’un des plus grands artistes chrétiens de l’histoire. Deux ans plus tard, le 18 février 1984, il le proclamera patron universel des artistes. Dans ce motu proprio (Jean-Paul II 1982) le pape cite des témoignages de contemporains de Fra Angelico qui décrivent un homme ayant assurément pu être un modèle pour l’abbé Lecoutre:

Un homme de toute modestie et vie religieusehomo totius modestiae et vitae religiosae (Giuliano Lupaccini (m. 1458), Cronaca di S. Marco, cod. n. 370, fol. 6V, in Bibliotheca Medicea Laurentiana, Florentiae, asserv.)

Il s’est fait remarquer et avec en outre de nombreuses vertus / doux dans l’esprit, honnête dans la religionfloruit et multis etiam virtutibus idem / ingenio mitis religione probus (Domenico Da Corella (m. 1483), Theotocon, cod. G 2.8768, fol. 79r, in Bibliotheca Nat. Florentina aseerv.)

Par la richesse de ses inspirations, on pourrait dire que l’œuvre de l’abbé Lecoutre est à la fois conventionnelle, populaire, naïve, et sans doute employer encore bien d’autres appellations.
Mais, sans porter un jugement qualitatif sur l’art de l’abbé Lecoutre, les similitudes qui peuvent être trouvées avec des artistes aussi renommés que Fra Angelico, Raphaël, Vincent Van Gogh, Marc Chagall ou encore David Hockney, et également avec des œuvres majeures de l’architecture, tant gothique que romane, montrent bien que cet art ne peut pas et ne doit pas être enfermé dans une catégorie.

Il nous paraît donc plus approprié de dire de l’abbé Lecoutre:

Ce n’est pas un artiste conventionnel
Ce n’est pas un artiste populaire
Ce n’est pas un artiste naïf

C’est un artiste

Pour l’abbé Lecoutre qui a consacré sa vie à son église, pourrait-on imaginer une autre conclusion qu’une citation latine?
Celle-ci n’est pas tirée de la bible ni des auteurs classiques, mais elle est empruntée à un livre entièrement écrit en latin (sans traduction) et publié en… 2023.

Colores vitae maiores factae sunt, et vita ipsa maior facta est, quia in ecclesiam eius est.

Les couleurs de la vie sont devenues plus grandes, et la vie elle-même est devenue plus grande, parce qu’elle est dans son église.

Adapté de Grau (2023) « Colores vitae maiores factae sunt, et vita ipsa maior facta est, quia in tabulis pictis eius est. »
Dans le livre, De Civitate Angelorum (de la Cité des anges) écrit par Donatien Grau, cette citation est précisément une description de la peinture de David Hockney.

Références bibliographiques

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Abbé Lecoutre